Connaître le prix de revient d’un chantier, c’est savoir combien il vous coûte réellement une fois la main-d’œuvre, les matériaux, les frais de déplacement et une part de vos charges fixes intégrés. Pour les professionnels du bâtiment, c’est un objectif essentiel : sans ce repère, difficile de fixer un tarif juste ou d’assurer la rentabilité d’un chantier. Dans ce guide, on vous explique la formule à retenir, comment l’appliquer simplement, et quels outils vous aideront à gagner en précision… sans perdre de temps.
Comment calculer un prix de revient dans le secteur du bâtiment ?
Le calcul du prix de revient n’a rien de complexe sur le papier. Mais pour qu’il soit fiable, il demande de la rigueur, une bonne connaissance de ses charges et un suivi précis de chaque chantier.
Avoir des chantiers réguliers à chiffrer sans prospecter c'est possible ! Habitatpresto Pro vous met en relation avec des particuliers qui ont un projet concret et attendent un devis. Vous restez libre d’accepter ou non, et vous remplissez votre planning en gardant la main.
Les éléments qui le composent
Pour obtenir un prix de revient fiable, chaque poste de dépense doit être pris en compte. On distingue généralement deux grandes catégories : les charges directes, liées spécifiquement à la réalisation du chantier, et les charges indirectes, réparties sur l’ensemble de l’activité de l'entreprise. Voici les principaux éléments à intégrer :
Élément de coût | Ce qu’il comprend | Comment l’intégrer au prix de revient |
1. Main-d’œuvre directe | Temps passé par les ouvriers | Valoriser en coût horaire chargé : salaire + cotisations + congés + temps non productif |
2. Matériaux | Peinture, carrelage, béton, bois, gaines… | Utiliser le prix d’achat réel, livraison comprise si nécessaire |
3. Sous-traitance éventuelle | Travaux confiés à un autre pro (électricité, terrassement…) | Intégrer le montant facturé par le sous-traitant |
4. Location ou amortissement matériel | Échafaudage, mini-pelle, camionnette, bétonnière... | Répartir le coût selon la durée et l’usage réel sur le chantier |
5. Frais de déplacement | Carburant, péages, temps de trajet, usure véhicules | À comptabiliser systématiquement (souvent sous-estimés) |
6. Consommables et petits matériels | Gants, rouleaux, pinceaux, spatules, sacs-poubelle, vis... | À intégrer en global, car ils s’additionnent vite à l’année |
7. Charges indirectes (frais fixes) | Loyer, assurances professionnelles, gestion, salaires administratifs... Tous les frais nécessaires au bon fonctionnement de l'activité. | À répartir sur l’ensemble des chantiers (via une méthode adaptée) |
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La formule de calcul du coût de revient
Le calcul du prix de revient d’un chantier correspond à la somme de l'ensemble des charges engagées pour le réaliser. Il regroupe à la fois les charges directes, spécifiques au chantier, et une part des charges indirectes, liées au fonctionnement global de l’entreprise. Voici la formule :
Coût de revient = Charges directes + Charges indirectes réparties
👉 Comment répartir les charges indirectes pour une entreprise du bâtiment ?
Les frais fixes ou frais généraux cités plus haut ne sont pas rattachés à un chantier précis. Pour qu’ils soient bien pris en compte, il faut les répartir de façon logique et proportionnelle sur l’ensemble des chantiers réalisés sur une période donnée (souvent l’année). Et c'est sans doute là, la partie la plus complexe pour obtenir des prix de revient cohérents.
1. La méthode des coûts complets
Cette méthode consiste à répartir les charges indirectes sur l’ensemble des chantiers, à l’aide d’une "clé de répartition" choisie par l'entreprise : le nombre de chantier, le chiffre d'affaires par chantier... Elle donne une vision comptable homogène, sans tenir compte du volume réel produit sur chaque chantier.
Exemple concret :
L’entreprise supporte 24 000 € de charges indirectes sur l’année. Elle a réalisé 100 chantiers et choisit de répartir ses charges à parts égales.
👉 Chaque chantier absorbe donc 240 € de charges indirectes (24 000 / 100).
➡️ Un chantier de 180 m2 se voit donc affecter 240 € de charges indirectes, quelle que soit sa durée.
2. La méthode des unités d’œuvre (UO)
Ici, les charges indirectes sont réparties en fonction d’une unité de production représentative de l'activité de l'entreprise, par exemple selon les m2, les m3, les mètres linéaires, les heures productives... Cela permet d’ajuster les coûts en fonction du volume réellement produit sur chaque chantier.
Exemple concret :
La même entreprise a peint 12 000 m2 dans l’année.
👉 Chaque m2 supporte 2 € de charges (24 000 / 12 000).
➡️ Le même chantier de 180 m² absorbe donc 360 € de charges indirectes.
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Ces deux méthodes aboutissent à des montants différents pour un même chantier, car elles ne reposent pas sur les mêmes logiques de répartition. Mais au fond, l’objectif reste le même : répartir intelligemment les charges indirectes pour calculer un coût de revient fiable et mieux piloter la rentabilité de chaque chantier.
Exemple de calcul du coût de revient pour un chantier de peinture
Prenons le cas d’un chantier de rafraîchissement complet d’un appartement de 90 m², comprenant murs et plafonds, avec deux couches de peinture.
Voici comment se décompose le coût :
- Main-d’œuvre : 64 heures de travail pour deux peintres à 20 €/h chargé → 1 280 €
- Matériaux : peinture, ruban, bâches, petits consommables → 350 €
- Frais généraux : assurances, gestion, véhicule répartis au prorata du temps passé → 120 €
👉 Coût de revient total : 1 750 €
Ce chiffre inclut tous les postes et permet à l’entreprise de fixer son prix de vente selon la marge visée, sans risquer de vendre à perte.
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Une autre notion importante à connaître :
Taux de marque dans le bâtiment : bien le calculer pour mieux vendre
Un chiffrage précis, c’est la base. Pour le mettre en pratique, encore faut-il avoir des demandes fiables à traiter. Recevez des projets travaux de la part de particuliers prêts à être chiffrés, dans votre zone d’intervention.
Comment calculer le prix de revient de la main d'œuvre ?
Pour estimer le coût d’un chantier, il faut savoir combien vous coûte réellement chaque heure de travail, et pas seulement le salaire net ou brut de vos ouvriers.
Le bon réflexe : partir du coût horaire chargé, c’est-à-dire le salaire brut + charges patronales + congés + temps non productif (trajets, pauses, réunions...). Ce tarif réel peut facilement dépasser 30 € de l’heure, selon le profil et la structure de l’entreprise.
👉 Exemple concret :
Un salarié payé 2 200 € brut mensuel vous revient en réalité à environ 3 400 € avec les charges. Si ce salarié est productif 140 heures dans le mois (hors jours de congés, intempéries, trajets), son coût horaire de revient est de 24 à 26 €, voire plus selon les cas.
Ensuite, il suffit d’estimer le temps nécessaire pour réaliser le chantier (avec une marge pour les imprévus), puis de multiplier par ce taux horaire pour obtenir le coût de la main-d’œuvre à intégrer dans le prix de revient.
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Important :
Ne pas oublier les temps périphériques : préparation, nettoyage, trajets, pauses réglementaires… Ils ne sont pas toujours facturés, mais ils ont un coût réel pour l’entreprise.
Quelles sont les erreurs fréquentes dans le calcul du prix de revient ?
Même avec de l’expérience, certaines erreurs reviennent souvent. Elles peuvent fausser le calcul du prix de revient et impacter directement la rentabilité du chantier.
Oublier certaines charges fixes discrètes
Frais bancaires, amortissement du véhicule professionnel, petit frais publicitaires type cartes de visite, flyers, frais de formation… Ces “petites” dépenses, parce qu’elles ne sont pas rattachées à un chantier précis, passent parfois à la trappe. Et pourtant, cumulées sur l'année, elles représentent une part non négligeable des frais généraux.
Sous-estimer le temps passé sur le chantier
Un chantier estimé à 3 jours qui en prend 4, ce n’est pas rare. Mauvaise météo, imprévus techniques, attente d’un autre corps d’état, déplacement rallongé… Il suffit de quelques heures non prévues pour faire déraper les coûts. Le bon réflexe : prévoir une marge de sécurité dans l’estimation du temps.
Confondre la notion de marge et de bénéfice
Une erreur fréquente consiste à intégrer une marge à l’œil dans le devis, sans tenir compte du coût de revient réel. Résultat : certains artisans pensent dégager un bénéfice alors qu’ils couvrent à peine leurs charges.
👉 La marge commerciale, c’est ce qu’on ajoute au coût de revient, pas ce qu’il reste une fois le devis signé.
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Pour approfondir le sujet :
Calcul de la marge commerciale : vos chantiers sont-ils rentables ?
Les erreurs de calcul peuvent coûter cher, mais perdre du temps sur des demandes floues ou mal qualifiées aussi. Habitatpresto Pro vous aide à vous concentrer sur des projets clairs et chantiers bien cadrés, à chiffrer en toute confiance.
Qu’est-ce que le coût de production ? Définition
Le coût de production est simplement un synonyme de coût de revient. C’est le terme souvent utilisé par les entreprises du bâtiment et de l’artisanat pour désigner l’ensemble des dépenses nécessaires à la réalisation d’un chantier.
Maîtriser le coût de revient d'un chantier pour maîtriser sa rentabilité
Dans le bâtiment, maîtriser parfaitement son prix de revient n’est pas toujours évident. Retards de chantier, imprévus techniques, hausses du coût matériaux, coordination des intervenants… Les aléas sont nombreux, et peuvent rapidement faire déraper les coûts.
Et pourtant, c’est un indicateur essentiel pour préserver sa rentabilité et assurer la pérennité de son entreprise. Tant qu’on ne connaît pas précisément ce que coûte un chantier, difficile de fixer un prix juste, d’optimiser ses marges ou de corriger le tir d’un chantier à l’autre.
Voici quelques leviers concrets pour mieux piloter son coût de revient :
- Affiner ses estimations de temps : mieux anticiper les imprévus, suivre les heures réellement passées, et ajuster les devis en conséquence.
- Optimiser les achats : comparer les fournisseurs, grouper les commandes, négocier les tarifs… Des gains visibles dès le prochain chantier.
- Limiter les pertes de temps : trajets, mauvaise coordination entre corps d’état, matériel manquant… Chaque heure perdue a un coût.
- Analyser ses chantiers passés : comparer le prévisionnel et réel, repérer les écarts et comprendre d’où viennent les dérapages.
- Automatiser les calculs avec un outil adapté : un bon logiciel métier permet de mieux suivre ses coûts, chantier par chantier.
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Pour aller plus loin :
3 astuces pour ne signer que des chantiers rentables
Bien calculer, c’est une chose. Sélectionner les bons chantiers, c’en est une autre.
Habitatpresto Pro vous permet de choisir les chantiers qui participent réellement à votre rentabilité, en vous transmettant des demandes qualifiées et compatibles avec votre activité.
Quels outils utiliser pour calculer son prix de revient dans le BTP ?
Pour calculer son prix de revient, certains se contentent encore d’un bloc-notes ou d’un devis fait à l’instinct” Mais pour gagner en précision et donc en rentabilité, mieux vaut s’appuyer sur des outils adaptés à votre métier. Et il en existe plusieurs dédiés aux entreprises du bâtiment que vous utilisez peut-être déjà pour vos devis et votre facturation.
Le tableur Excel (ou Google Sheets)
Accessible, personnalisable, parfait pour débuter.
✅ Avantage : vous construisez votre propre modèle, adapté à votre activité.
⚠️ Limite : demande du temps, une bonne rigueur, et ne détecte pas les erreurs de logique.
Les logiciels de devis/facturation
Ces outils vont au-delà de la simple édition de devis. Ils permettent aussi de calculer automatiquement le coût de revient, en intégrant le temps passé, les matériaux, les marges, et même les écarts entre prévisionnel et réalisé.
Parmi les solutions les plus connues dans le BTP vous trouverez :
- Tolteck
- Batappli
- Obat
- Extrabat
- Mediabat
- ProGBat
✅ Avantage : gain de temps, fiabilité, centralisation des données.
💡 Certains logiciels permettent aussi d’éditer des rapports de rentabilité par chantier.
👷 Le Conseil du Pro : calculez aussi votre seuil de rentabilité !
Connaître le coût de revient d’un chantier, c’est essentiel. Mais savoir combien de chantiers vous devez réaliser par mois pour couvrir vos charges fixes et atteindre vos objectifs… c’est ce qui vous permet de prendre les bonnes décisions, au bon moment. Prenez le temps de calculer votre seuil de rentabilité mensuel et annuel, en fonction de votre activité réelle. Cela vous aidera à mieux gérer vos périodes creuses, refuser certains chantiers non rentables… ou en accepter d’autres en toute connaissance de cause.
Références :
- Image principale de l'articel générée par intelligence artificielle
- Prix de revient : calculer votre juste prix, FFB
- Artisans du bâtiment : comment calculer votre prix de revient?, Fiducial
- Charges directes et indirectes : définition et exemples 2025, Axonaut
FAQ utile
Comment calculer le coût horaire de la main-d'œuvre dans le bâtiment ?
Comment faire un devis rentable dans le bâtiment ?
- Calculez précisément le coût des matériaux et de la main-d’œuvre.
- Ajoutez une marge bénéficiaire entre 15 % et 40 %, selon votre activité.
- Incluez les frais généraux (déplacements, outils, assurances).
- Comparez avec les prix du marché pour rester compétitif.
Comment faire un tableau de coût de revient ?
- Matériaux (quantité × prix unitaire)
- Temps de main-d'œuvre (heures × taux horaire)
- Frais fixes (amortissements, location)
- Marge souhaitée
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