Dans une entreprise du bâtiment, le suivi financier d’un chantier ne doit pas attendre la fin des travaux. Grâce à l’accostage financier, il est possible de suivre l’avancement réel des dépenses, d’anticiper les écarts entre les coûts prévus et les coûts engagés, et de garder la rentabilité sous contrôle. Ce guide vous explique, étape par étape, comment mettre en place ce suivi au quotidien.
Qu'est-ce que l'accostage financier dans le bâtiment ? Définition & exemple concret
L’accostage financier, qu’on appelle plus communément sur le terrain "suivi financier", ou dans le jargon comptable "coût à terminaison", consiste à vérifier régulièrement si les dépenses prévues au départ d'un chantier correspondent à ce que ce dernier coûte réellement au fur et à mesure de son avancement.
Concrètement, il s’agit de comparer ce qu’on avait prévu initialement, par exemple au moment du devis (le budget) avec ce qu’on a déjà dépensé (ce qui est engagé) et ce qu’il reste à dépenser. L’objectif ? Savoir à tout moment si le chantier reste rentable ou si des dépassements de budget risquent de faire chuter la marge.
Le suivi financier est un outil de pilotage simple mais essentiel : il permet d’ajuster le tir en cours de chantier, d’éviter les mauvaises surprises en fin de chantier et de prendre les bonnes décisions au bon moment.
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🔧 Exemple concret sur un chantier de rénovation
Un artisan démarre un chantier de rénovation pour 45 000 €, prévu sur 6 semaines. Tout est calé : équipes planifiées, matériaux commandés, planning bien ficelé. Mais à la 3ème semaine, son fournisseur l’informe d’une rupture de stock sur le carrelage prévu. Il faut changer de modèle, plus cher et avec un délai plus long.
En mettant à jour son suivi financier, l’artisan peut mesurer l’impact de ce changement sur le budget global, adapter l’ordre des travaux pour ne pas bloquer le chantier, et surtout préserver sa marge en arbitrant ailleurs ou en renégociant certains postes.
🤔 Accostage financier et atterrissage budgétaire : quelle différence ?
L’atterrissage budgétaire est un suivi global et prévisionnel, réalisé à l’échelle de l’entreprise pour ajuster son budget en cours d’année. L’accostage financier, lui, s’applique chantier par chantier, pour évaluer précisément son coût final.
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Coût à terminaison : les indicateurs clés à suivre en cours de chantier
Pour piloter la rentabilité d’un chantier, attendre la fin des travaux pour faire les comptes est une erreur fréquente. À ce stade, il est souvent trop tard pour corriger une dérive ou limiter les pertes.
C’est pourquoi il est essentiel de suivre, dès l’exécution, quelques indicateurs simples mais stratégiques. Ce sont les mêmes que beaucoup d’artisans ou conducteurs de travaux analysent habituellement au moment du bilan final, sauf qu’avec le suivi financier, on les suit en temps réel, pour garder le contrôle du chantier.
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Exemple de tableau de suivi financier de chantier
Voici un exemple de tableau de suivi financier tel qu’il peut être utilisé sur un chantier de rénovation. Il distingue clairement les dépenses par poste (matériaux, main-d’œuvre, etc.) et permet de visualiser rapidement ce qui a été engagé, ce qu’il reste à dépenser, et les éventuels écarts constatés à date.
N° de chantier : CH2025-018
Nom du client : Madame, Monsieur
Adresse du chantier :
Date de début : 22/09/2024
Date de fin : 10/10/2024
Poste / Budget prévu | Engagé | Restant | Écart | Commentaire |
5 600 € | 3 800 € | +400 € | Carrelage remplacé | |
6 000 € | 5 200 € | +200 € | Heures sup prévues | |
4 000 € | 0 € | 0 € | Conforme devis | |
450 € | 350 € | 0 € | RAS | |
300 € | 200 € | 0 € | RAS | |
100 € | 400 € | 0 € | Provision en réserve | |
Total = 25 800 € | 16 450 € | 9 950 € | +600 € | Suivi OK pour l’instant |
Budget prévisionnel : l'estimation de départ
C’est le montant total des dépenses estimé pour réaliser le chantier (matériaux, main-d’œuvre, sous-traitants...), ce montant servira de référence pour l'ensemble
📊 Calcul : coûts estimés pour l'achat de matériaux, la location d'appareils ou d'engins, le coût de la main d'œuvre et la sous-traitance éventuelle, les coûts administratifs... Tous les coûts déjà anticipés pour la réalisation du devis.
Coût engagé : les dépenses enregistrées
C’est le montant déjà dépensé ou engagé à date (factures payées, commandes validées, heures pointées valorisées).
📊 Calcul : somme des dépenses déjà réalisées sur la base des factures reçues, des bons de livraison + engagements pris.
Coût restant à engager : les dépenses à venir
C’est ce qu’il faut encore dépenser pour finir le chantier, selon l’avancement.
📊 Calcul : Estimé à partir des tâches restantes et des ressources nécessaires.
Coût à terminaison (accostage) : ensemble des dépenses réelles
C’est le coût total final prévu, en combinant ce qui a déjà été dépensé et ce qu’il reste à dépenser pour finir le chantier.
📊 Calcul : coûts engagés + coûts restant à engager.
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Écarts : calcul, interprétation et causes
Une fois les indicateurs financiers de chantier en place, il devient possible de comparer le prévisionnel au réel. C’est là que l'on peut voir apparaître des écarts. Voici comment les calculer simplement :
📊 Écart = Coût à terminaison – Budget initial
Le résultat de ce calcul peut être positif, il y a donc dépassement de budget (le chantier coûte plus cher que prévu) ou négatif (le chantier coûte moins que prévu). Mais dans les deux cas, il ne suffit pas de constater l’écart : il faut comprendre pourquoi.
Écart positif : le chantier dépasse le budget prévu
Plusieurs causes sont possibles :
- Prix d’achat supérieur aux prévisions : hausse des matériaux, changement de fournisseur, rupture de stock obligeant à acheter plus cher ou en urgence.
- Heures supplémentaires non anticipées : retard sur le planning, sous-estimation des temps de pose ou mauvaise coordination entre équipes.
- Dépenses imprévues non couvertes par un avenant : aléas techniques, reprise de malfaçons, modification en cours de chantier sans revalorisation du devis.
- Sous-traitance sous-estimée ou plus coûteuse que prévu : tarif mal négocié, remplacement d’un sous-traitant initialement prévu.
Écart négatif : le chantier coûte moins que prévu
Ce n’est pas forcément une bonne nouvelle. Il peut y avoir deux cas de figure :
- Gain maîtrisé : bonne anticipation, optimisation de planning, fournisseurs mieux négociés, temps de main-d’œuvre réduit sans impact sur la qualité.
- Omission ou erreur d’estimation : tâche non réalisée, oubli de facturer un poste, quantité surévaluée dans le devis. Dans ce cas, le gain apparent masque un déséquilibre.
Comment suivre la rentabilité d’un chantier ? La méthode en 5 étapes
Suivre la rentabilité d’un chantier repose sur une démarche en plusieurs temps, qui commence bien avant l’ouverture du chantier et se poursuit jusqu’à la réception. Voici les grandes étapes à mettre en place pour garder le contrôle.
1. Estimer le budget
Dès la phase de devis, vous réalisez déjà une première estimation chiffrée du chantier : quantités de matériaux, temps de main-d’œuvre, coûts de sous-traitance, frais fixes… Vous calculer donc déjà ce que le chantier va vous coûter (votre coût de revient) pour élaborer un devis cohérent. C’est déjà une forme de planification financière, qui sert de base au suivi de la rentabilité.
2. Suivre et enregistrer toutes les dépenses
Pendant les travaux, il est essentiel de renseigner chaque dépense au fur et à mesure : factures fournisseurs, bons de commande, heures de travail, frais de chantier… Ces données doivent être regroupées dans un tableau ou un outil de suivi pour suivre l’évolution en temps réel.
3. Mettre à jour régulièrement
En combinant les dépenses déjà engagées et avec une estimation précise des dépenses restantes, on calcule le coût à terminaison. Ce chiffre doit être mis à jour à chaque étape clé ou en cas d’imprévu.
4. Comparer et repérer les écarts
Comparer l'accostage au budget initial prévu permet d’identifier les écarts et de mesurer leur impact sur la rentabilité du chantier. Un simple tableau croisé ou un graphique visuel permet de repérer facilement les postes qui dérapent.
5. Ajuster le tir dès que possible
Dès qu’un écart se confirme, il faut agir vite : réorganiser le planning, chercher une solution technique plus économique, renégocier un prix, ou établir un avenant avec le client. L’important est de ne pas subir les dépassements.
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Quels outils utiliser pour piloter le suivi financier d'un chantier ?
Excel : une solution simple mais limitée
Pour beaucoup d’artisans ou de PME du bâtiment, le suivi financier commence avec un tableur de type Excel. Facile à prendre en main, personnalisable à souhait, il permet de suivre les coûts engagés, de calculer le coût à terminaison, et d’ajouter ses propres formules de calcul.
Mais cette solution montre vite ses limites dès que les chantiers se multiplient ou que les données ne sont pas mises à jour régulièrement. Le tableau dépend entièrement de celui qui le gère… et d’un bon niveau de rigueur.
Les logiciels BTP : un pilotage plus fluide et connecté
Des outils comme Vertuoza, Alobees ou Costructor... vont plus loin : ils sont des logiciels conçus pour le BTP et permettent de centraliser les données chantier, générer automatiquement les indicateurs financiers, et partager les infos en temps réel avec le terrain.
Résultat : moins de saisies manuelles, moins de risques d’erreurs, et une meilleure réactivité en cas d’écart. Certains logiciels intègrent aussi la facturation, la gestion des heures et le planning, ce qui permet d’avoir une vision complète du chantier à tout moment.
Pourquoi une bonne gestion financière est-elle essentielle dans le BTP ?
Dans une entreprise du bâtiment, les marges sont souvent serrées pour rester compétitif et les imprévus nombreux. Sans suivi financier rigoureux, un simple décalage de planning ou une hausse de prix peut suffire à faire basculer un chantier dans le rouge. C’est pourquoi la gestion financière de chaque chantier est absolument essentielle :
Anticiper les dérives avant qu’il ne soit trop tard
Un suivi financier régulier permet de repérer les écarts dès leur apparition, plutôt que de les subir en fin de chantier. En croisant les dépenses engagées et le reste à faire, l’entreprise peut ajuster sa stratégie en cours de route : réorganiser le planning, renégocier un poste, éviter un retard coûteux.
Mieux piloter les décisions tout au long du chantier
Avec une vision claire de sa rentabilité, l’entreprise prend des décisions basées sur des données réelles, et non sur des prévisions. Cela évite les réactions à chaud, les arbitrages faits à l’aveugle et permet une prise de décision éclairée notamment quand un client demande une modification ou qu’un aléa technique survient.
Consolider la rentabilité de l’entreprise à long terme
Un bon suivi financier chantier par chantier, c’est aussi un moyen de fiabiliser les devis futurs, capitaliser sur les chantiers rentables, et éviter de reproduire les mêmes erreurs. C’est un cercle vertueux qui permet à l’entreprise de gagner en solidité… et en sérénité.
Pour garder la main sur vos marges, tout commence par le bon chantier au bon moment.
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Comment impliquer ses équipes dans l'accostage financier ?
Un bon outil ne suffit pas : sans implication sur le terrain, l’accostage financier reste purement théorique. Ce sont les équipes (chefs de chantier, conducteurs de travaux, salariés) qui détiennent les informations clés pour suivre l’avancement réel, remonter les écarts et agir rapidement.
Former les équipes au suivi financier
Il ne s’agit pas de transformer les chefs de chantier en comptables, mais de leur donner les bons réflexes : savoir renseigner les heures, noter les écarts de production, signaler un problème d’approvisionnement ou une dépense imprévue.
Plus les équipes comprennent à quoi sert le suivi financier et comment il les aide à éviter les tensions en fin de chantier, plus elles seront investies dans sa mise à jour.
Mettre en place des rituels de pilotage simples
Inutile de multiplier les réunions ou de produire des tableaux complexes. L’essentiel, c’est d’instaurer un point régulier, même court, pour croiser les infos terrain avec les données financières. Un rapide débrief en fin de semaine, une mise à jour des heures passées, un suivi des livraisons : ces gestes simples évitent que le chantier ne dérape sans qu’on s’en rende compte.
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Pour approfondir le sujet :
Comment améliorer la communication interne d'une entreprise du bâtiment ?
👷 Le Conseil du Pro : Suivez aussi les encaissements !
Un chantier peut être rentable sur le papier... et pourtant vous mettre dans le rouge si les paiements arrivent trop tard. Pensez à intégrer vos dates d'acompte, de situations et de solde dans votre suivi. Trop souvent, les entreprises du bâtiment avancent les frais (matériaux, main-d'œuvre) sans voir l'argent rentrer avant plusieurs semaines. Résultat : la trésorerie souffre, même quand tout est bien chiffré. Un bon suivi financier, c'est aussi savoir quand l'argent entre, pas seulement combien vous allez gagner.
Les questions fréquentes
Qu'est-ce que le coût à terminaison et comment est-il calculé ?
À quelle fréquence faut-il faire un point d'accostage financier ?
Quelles sont les erreurs à éviter en matière de suivi financier ?
- Omettre les coûts indirects (frais de gestion, imprévus).
- Mettre à jour irrégulièrement les données budgétaires.
- Ignorer les écarts entre prévisionnel et réel.
- Ne pas impliquer les parties prenantes dans le pilotage budgétaire.
Références :
- Image principale de l'article, Adobe Stock, Crédit : Pete
- Suivi financier de chantier : le guide complet, Vertuoza
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