Taux de marque dans le bâtiment : bien le calculer pour mieux vendre

Sophie Douch - Le 12/05/2025
Dans cet article :

    À combien faut-il vendre pour que le chantier soit rentable ? Derrière cette question simple se cache un indicateur clé : le taux de marque. Dans le bâtiment, bien le comprendre et savoir l’ajuster peut faire toute la différence entre un devis maîtrisé… et une marge qui s’effondre. Cet article vous donne la définition du taux de marque et vous explique comment l’utiliser concrètement dans votre activité.

    Qu'est-ce que le taux de marque ? La définition simplifiée

    Le taux de marque est un indicateur financier qui permet de mesurer la rentabilité d’un produit ou d’un service à partir de son prix de vente. Concrètement, il exprime, en pourcentage, la part de la marge brute sur le prix de vente. C’est un outil de chiffrage couramment utilisé dans le commerce, mais aussi dans les entreprises du bâtiment, notamment pour fixer les prix de vente des matériaux ou des prestations.

    Contrairement à d’autres indicateurs qui partent du coût, le taux de marque se base toujours sur le montant facturé HT (autrement dit le chiffre d'affaires HT). Cela en fait un repère simple et rapide à interpréter dans une logique de tarification.

    Prenons un exemple simple : une entreprise de plomberie achète un ballon d’eau chaude à 400 € HT et le revend 600 € HT à son client. La marge brute est donc de 200 €. Le taux de marque, lui, est de 33 %, car ces 200 € représentent un tiers du prix de vente.

    À quoi sert le taux de marque dans le bâtiment ?

    Dans le bâtiment, le taux de marque sert avant tout à structurer ses prix de vente de manière cohérente avec ses charges et sa réalité terrain. Ce n’est pas un indicateur théorique : c’est un outil de pilotage pour chaque décision tarifaire, qu’il s’agisse de fixer le prix d’un produit, d’estimer un poste de main-d’œuvre ou de calculer une offre globale sur un chantier.

    Il permet, par exemple, de savoir si la marge commerciale sur la fourniture d’un chauffe-eau compense le temps passé en pose. Ou si le taux appliqué à la main-d’œuvre couvre bien les frais de l’entreprise : salaires, congés, arrêts, déplacements... Dans les faits, chaque ligne d’un devis peut être pensée avec un taux de marque adapté, pour ne pas pénaliser la rentabilité globale. Sur des chantiers où les aléas sont nombreux, c’est ce qui fait souvent la différence entre un bénéfice net et une perte invisible.


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    Quelle différence entre taux de marque, taux de marge et coefficient multiplicateur ?

    Ces trois notions sont proches mais ne répondent pas aux mêmes logiques de calcul, ni aux mêmes usages.

    • Le taux de marge exprime la rentabilité par rapport au coût d’achat. Il est surtout utilisé en interne pour analyser la performance d’un chantier ou d’un poste de dépense.
      👉 À l’inverse, le taux de marque mesure la part de marge par rapport au prix de vente HT. Il est plus adapté à la construction des tarifs et au pilotage commercial. Le calcul du taux est également différent au niveau de la formule.

    • Le coefficient multiplicateur, lui, est un outil pratique pour passer rapidement d’un prix d’achat à un prix de vente. Il est souvent utilisé dans les logiciels de devis ou en négoce, mais ne permet pas d’analyser précisément la rentabilité.

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    Seuil de rentabilité : un indicateur clé souvent négligé dans le bâtiment

    Les taux de marques moyens pratiqués dans le bâtiment en France

    Pour vous donner un ordre d'idée, voici les taux de marque moyens constatés dans plusieurs secteurs d'activités du bâtiment et de l’aménagement :

    Métiers du BTP
    Taux de marque moyen (2023)
    Électricité
    56,4 %
    Plomberie / Chauffage
    55,4 %
    Peinture
    75,1 %
    Entreprise du paysage
    73,0 %
    Maçonnerie
    60,4 %
    Couverture
    60,9 %
    Menuiserie
    53,3 %

    D’après les données nationales 2023 publiées par Cerfrance.

    Comment calculer le taux de marque ?

    Le calcul du taux de marque repose sur une comparaison simple entre deux éléments : la marge réalisée et le prix de vente HT. Pour le calculer correctement, il faut donc connaître deux facteurs essentiels :

    • le prix de vente HT facturé au client, autrement dit le CA,

    • et le coût d’achat HT du produit ou de la prestation concernée (fourniture, main-d’œuvre, sous-traitance…).

    Une fois ces deux données connues, on peut calculer la marge brute ou marge commerciale (prix de vente – coût d’achat), puis en déduire le taux de marque avec la formule suivante :


    Taux de marque (%) = (Marge brute ÷ CA HT) × 100


    Exemple sur un chantier de pose de carrelage : application de la formule et interprétation

    Prenons le cas d’un artisan qui réalise un chantier de carrelage au sol de 20 m², incluant la fourniture des matériaux et la main-d’œuvre. L’objectif : vérifier si le prix facturé couvre bien les coûts engagés et permet de dégager une marge commerciale suffisante.

    Données du chantier

    • Matériel (carrelage + colle + joints + accessoires) : 400 € HT

    • Main-d’œuvre : 10 heures à 25 €/h de coût chargé → 250 € HT

    • Coût total HT = 400 + 250 = 650 €

    Le chantier est facturé 1 100 € HT au client.

    Calcul du taux de marque

    • Marge brute = 1 100 – 650 = 450 €

    • Taux de marque = (450 ÷ 1 100) × 100 = 40,9 %

    Le taux de marque global est ici de 40,9 %. Autrement dit, sur l’ensemble du montant facturé, 41 % correspondent à la marge brute. C’est ce qui permet à l’entreprise de couvrir ses frais liés au chantier. Ce type de calcul donne une vision claire de la rentabilité réelle d’un chantier et aide à ajuster les prix si un poste est sous-évalué. 

    Moins de chantiers plus rentables ou plus de chantiers moins rentables : quelle stratégie adopter ?

    Faut-il chercher à faire moins de chantiers, mais mieux margés ? Ou remplir son planning avec un volume important de travaux, même si chaque intervention rapporte peu ? Il n’existe pas de réponse unique : tout dépend du modèle économique, de la capacité de production et des objectifs de l’entreprise.

    ➖ de chantier ➕ rentables : sélection et maîtrise

    Certaines structures choisissent de se concentrer sur des chantiers bien ciblés, avec des clients prêts à payer le juste prix pour un travail soigné, des délais tenus et un bon suivi. Cette stratégie repose sur des taux de marque plus élevés, moins de déplacements, et une meilleure organisation.

    👉 Elle convient souvent aux artisans expérimentés ou aux PME structurées qui cherchent à valoriser leur savoir-faire plutôt qu’à multiplier les interventions.

    ➕ de chantiers ➖ rentables : volume et réactivité

    À l’inverse, d’autres entreprises misent sur le volume, avec des chantiers courts, répétitifs ou standardisés (dépannage, petits travaux, maintenance…). Même si le taux de marque est plus faible sur chaque opération, l’équilibre économique repose sur une logistique bien huilée, un planning sans temps mort et une équipe capable d’enchaîner les chantiers rapidement.

    👉 C’est un modèle efficace lorsqu’on dispose d’effectifs disponibles, d’un bon maillage géographique, ou d’un flux régulier de demandes.

    Dans les deux cas, ce qui compte, c’est la cohérence entre la stratégie commerciale, les moyens humains, les charges fixes et les objectifs de croissance.


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    Chiffre d’affaires : comment l’augmenter sans exploser ses charges ?

    Quand ajuster son taux de marque ?

    Le taux de marque n’est pas un chiffre figé. C’est un levier que l’entreprise peut actionner en fonction du contexte économique, commercial ou stratégique. Savoir quand et pourquoi le faire, c’est gagner en réactivité… et en rentabilité.

    📈 Vos fournisseurs augmentent leurs tarifs

    Quand vos coûts d’achat grimpent, maintenir vos anciens prix revient à rogner automatiquement sur vos marges. Pour éviter que cela ne pèse sur la rentabilité de vos chantiers, il est essentiel de recalibrer vos taux de marque. Ce simple ajustement vous permet de préserver vos équilibres sans devoir revoir l’ensemble de votre grille tarifaire.

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    Négocier avec un fournisseur : 5 astuces pour sortir gagnant

    📈 Votre entreprise change d’échelle

    Vous embauchez, investissez dans un véhicule ou une nouvelle machine ? Ces évolutions entraînent une hausse des charges fixes. C’est le moment de revoir vos taux de marque pour préserver votre rentabilité et anticiper les nouvelles dépenses.

    📈 Vous montez en gamme

    Si vous changez de cible ou d'activité (matériaux plus qualitatifs, clients plus exigeants, chantiers techniques) vos prix doivent suivre. Un taux de marque plus élevé s’impose pour refléter la valeur ajoutée de vos prestations, mais aussi couvrir le temps passé en conseil, en coordination ou en suivi.

    📈 Votre planning est plein sur plusieurs mois

    Quand les demandes s’accumulent et que le planning est saturé, c’est le signe que votre entreprise est en position de force. Dans ce contexte, augmenter votre taux de marque peut vous permettre de réhausser vos prix sans perdre de clients, de mieux filtrer les projets peu rentables, et de concentrer vos équipes sur les chantiers les plus intéressants. Cela vous donne aussi une marge de manœuvre pour absorber les imprévus, éviter la surcharge pour vos équipes, et préserver votre rentabilité dans la durée.

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    Découvrez notre article dédié à la planification :
    Diagramme de Gantt : un outil clé pour planifier vos chantiers ?

    📉 Vos devis sont souvent négociés ou refusés à cause des prix

    Si les objections tarifaires reviennent régulièrement, il peut être utile de revoir la manière dont vous structurez vos marges. Cela ne signifie pas forcément baisser vos prix, mais adapter votre taux de marque poste par poste, en lien avec la valeur perçue par vos clients tout en maintenant leur satisfaction.

    📉 Votre activité ralentit en période creuse

    En basse saison ou lors d’un creux d’activité, baisser temporairement votre taux de marque peut vous aider à rester compétitif. Cela permet de remplir le planning, de faire tourner l’équipe et de maintenir un minimum de chiffre d'affaires. À condition, bien sûr, de garder une marge suffisante pour couvrir les coûts essentiels.


    Quel que soit l'évolution de votre activité, Habitatpresto Pro vous aide à maintenir un bon niveau de demandes, même quand vous montez vos prix ou changez de positionnement.


    👷 PME du bâtiment : segmenter vos taux de marque

    Segmenter ses taux de marque selon les postes est essentiel dans une PME du bâtiment. Chaque type d’intervention (dépannage, pose simple, entretien, rénovation complète) implique des contraintes et des niveaux de marge différents. Appliquer un taux uniforme revient à lisser les écarts et, souvent, à masquer certaines pertes. 

    Par exemple, sur un chantier de salle de bains, appliquer 30 % de taux de marque sur les fournitures peut suffire, tandis que la main-d’œuvre nécessite souvent une marge plus élevée pour absorber les imprévus, les temps de déplacement et la coordination multi-corps d’état. 

    En distinguant les taux de marque par poste, par exemple 30 % sur les matériaux, 50 % sur la main-d’œuvre, et 15 % sur la sous-traitance, l’entreprise obtient une lecture plus fine de sa rentabilité. Cela permet d’ajuster les prix de manière plus stratégique, de mieux défendre un devis, et de piloter l’activité avec précision.

    Les erreurs fréquentes sur le taux de marque

    Le taux de marque est simple à calculer, mais il peut être mal interprété ou mal utilisé au quotidien. Voici les pièges les plus courants à éviter pour ne pas fausser ses devis ou sa rentabilité.

    Confondre taux de marque et taux de marge

    C’est l’erreur la plus classique. Le taux de marge se base sur le coût d’achat, tandis que le taux de marque se base sur le prix de vente. Un mauvais repère peut entraîner des écarts importants dans l’estimation de la rentabilité réelle.

    Utiliser des prix TTC au lieu de HT

    Dans le bâtiment, les marges se calculent toujours hors taxes. Utiliser des montants TTC dans ses formules fausse les pourcentages et donne une vision erronée du gain réel.

    Oublier de marger sur les remises fournisseurs

    Lorsque le fournisseur accorde une remise professionnelle, il est courant, de la répercuter intégralement au client. Résultat : vous perdez de la marge supplémentaire, alors qu’il s’agit d’un gain potentiel prévu dans la construction du prix.

    Croire que la marge brute, c’est du bénéfice net

    Le taux de marque exprime une marge avant frais généraux. Il ne tient pas compte des charges fixes : loyer, assurances, administratif, véhicule… Un bon taux de marque ne garantit pas à lui seul un résultat positif en fin d’exercice.

    Les outils et logiciels pour intégrer le taux de marque dans ses calculs de prix

    Plusieurs logiciels permettent aujourd’hui aux professionnels du bâtiment de mieux maîtriser leurs marges, d’intégrer le taux de marque dans leurs devis ou de suivre la rentabilité réelle de leurs chantiers. Des solutions comme Tolteck ou Obat facilitent le chiffrage en tenant compte des prix d’achat et de vente, avec un affichage clair des marges par ligne. D’autres outils, comme Batappli, vont plus loin en croisant les données d’achat, de main-d’œuvre et de sous-traitance pour piloter la rentabilité à l’échelle d’un chantier ou d’un poste. 

    Pour le suivi terrain, Alobees permet de comparer le prévisionnel au réel, notamment sur les temps passés, un facteur clé pour évaluer l’efficacité d’un taux de marque appliqué à la main-d’œuvre. Enfin, des outils plus ouverts comme Excel ou Google Sheets restent très utilisés par ceux qui veulent construire leurs propres modèles d’analyse, à condition de maîtriser un minimum les calculs.

    👷 Le Conseil du Pro : le taux de marque n'est pas le seul indicateur à regarder

    Le taux de marque donne une indication utile, mais il ne suffit pas à évaluer la santé d’une entreprise du bâtiment. Un chantier peut afficher un taux élevé sur le papier, et pourtant générer peu de résultat une fois les charges fixes, les retours chantier ou les heures imprévues pris en compte. Pour piloter sa performance économique, il faut aussi suivre d’autres indicateurs : le taux de transformation des devis, la productivité des équipes, le taux de satisfaction client, la marge nette par affaire ou encore la position concurrentielle de l’entreprise dans son secteur d’activité. C’est en croisant ces données qu’on peut vraiment savoir si l’entreprise avance… ou si elle s’épuise à faire du chiffre sans rentabilité.

    Les questions fréquentes

    Quel taux de marque pour être rentable ?

    Le taux de marque minimum conseillé pour viser la rentabilité dans le bâtiment est généralement autour de 40 %. Ce pourcentage permet une marge confortable. Cependant, il n'existe pas de taux universel : il doit être ajusté en fonction du modèle économique, des charges fixes et du positionnement de chaque entreprise.

    Comment calculer sa marge sur un chantier ?

    Pour calculer la marge sur un chantier, il faut :
    1. Évaluer le coût total d'achat (fournitures, sous-traitance, main d'œuvre).
    2. Déterminer le prix de vente HT.
    3. Utiliser la formule : (Prix de vente - Coût d'achat) / Prix de vente × 100.
    Cette méthode aide à connaître la rentabilité réelle de chaque chantier.

    Comment calculer un prix de vente HT à partir d'un taux de marge ?

    Pour déterminer un prix de vente HT avec un taux de marge, la formule est : Coût d'achat / (1 - Taux de marge). Par exemple, pour un achat à 1 000 € avec un taux de marge de 30 %, le prix de vente sera 1 000 / (1 - 0,3) = 1 428,57 € HT.

    Quelle est la formule pour calculer la marge commerciale en pourcentage ?

    La formule pour connaître la marge commerciale en pourcentage est : (Prix de vente HT - Coût d'achat HT) / Prix de vente HT × 100. Cette méthode permet d’évaluer la rentabilité brute de vos ventes dans le secteur du BTP, en intégrant tous les coûts directs.

    Quel simulateur en ligne pour calculer ses marges ?

    Pour calculer ses marges en ligne, utilisez des simulateurs gratuits comme ceux de Compta-Facile, WikiCréa ou l’outil Excel de Bpifrance Création. Ces sites web permettent de simuler votre taux de marge, le prix de vente ou la rentabilité directement depuis un navigateur, sans besoin d'installation.

    Références :


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